Ounahi

L’international marocain de l’OM Azzedine Ounahi qui a vécu une première partie de saison quelque peu compliqué avant de peu à peu retrouver du temps de jeu et la confiance de son coach Italien Gennaro Gattuso a répondu à nos questions avant son départ pour le stage de préparation de la Coupe d’Afrique des Nations avec les Lions de l’Atlas.

                                                                AZZEDINE OUNAHI :

LDA : Que représente pour toi la Coupe d’Afrique des Nations?

A.O : Comme pour n’importe quel joueur, c’est une fierté de porter le maillot de l’équipe nationale. Au Maroc, on a un vrai attachement avec les compétitions internationales, que ce soit les CAN ou les coupes du monde, surtout avec ce qu’on a réalisé lors de la dernière coupe du monde, tout le peuple attend qu’on fasse une grosse CAN, on est attendu par notre peuple et par les autres nations.

LDA : Après les dernières performances en Coupes d’Afrique, les attentes et les envies sont grandes, n’est-ce-pas?

A.O : Si on regarde l’histoire du Maroc, on a toujours du mal à passer en demi-finale donc après notre demi en coupe du monde, on sera l’équipe à battre, le regard vis-à-vis de nous a changé, tout le monde voudra nous battre que ça soit en match amicale ou officiel. Il faudra qu’on soit concentré et ne négliger aucune équipe. La CAN est particulière, tous les matchs sont compliqués et il faut être à fond pour espérer gagner la CAN.

LDA : Le parcours en coupe du monde génère une pression supplémentaire… C’est plutôt un avantage ou un inconvénient?

A.O : Je ne pense pas que ça mette de la pression, ça donne plutôt de la confiance, parce qu’on a vu que quand on joue en équipe plutôt qu’individuellement on à l’équipe pour aller très loin dans cette CAN, c’est surtout à travers le regard des autres nations que les choses ont changés, tous le monde veut nous battre. J’ai fait la CAN avec Vahid ça a été très compliqué déjà, mais là avec cette coupe du monde ça sera peut-être plus dur, mais on à l’équipe pour aller loin et les installations, les hôtels et le climat seront pas les mêmes qu’au Qatar mais on va devoir rester concentré et bien se préparer parce que quoi qu’il arrive ça sera difficile.

LDA : Vous allez partir à deux (avec Amine Harit) depuis Marseille, c’est agréable d’avoir un coéquipier en club et en sélection pour cet évènement ?

A.O : Amine a un vrai rôle en sélection. C’est un ancien et un leader, on était vraiment très déçu qu’il ne soit pas avec nous durant la coupe du monde, maintenant on a vu qu’il revient très bien, notamment durant les derniers matchs avec l’OM, et les matchs qu’il a fait avec la sélection, ca sera forcément un plus pour nous. On sait qu’il nous aidera durant cette CAN donc on est vraiment heureux qu’il soit là cette fois ci.

LDA : Walid Regragui avait annoncé après la coupe du monde que le Maroc devait remporter une coupe d’Afrique. Qu’est ce que tu en penses, même s’il a revu un peu son discours ?

A.O : Il ne faut pas dire que parce qu’on a fini demi-finaliste de la coupe du monde qu’on va gagner la CAN, ce ne sont pas les mêmes matchs, pas les mêmes terrains, pas le même climat, la compétition est différente, et même le football est différent… donc personnellement je ne regarde pas les choses de cette façon, certes on a fait un exploit, on a rendu fier le peuple marocain, et même le peuple africain. Maintenant c’est la CAN, chaque match sera dur et il ne faut pas dire que tel ou nation ce sera plus facile, on ne peut pas déjà s’imaginer en 1/8 ou en quart… chaque match sera difficile, il faudra qu’on soit concentré et à 100%. D’ailleurs il faut être à 100% sur et en dehors du terrain, parce que le groupe entier doit être concerné, si vous avez remarqué durant la coupe du monde on a commencé avec une équipe et fini avec une autre… on a terminé avec peut-être 50% des joueurs blessés, donc les 27 joueurs convoqués vont devoir bien se préparer durant la préparation et durant la compétition.

LDA : Tu parlais d’un football différent en Afrique, ce qui est vrai, notamment le regard des équipes, mais durant cette compétition contrairement à la coupe du monde, vous allez devoir sans doute faire le jeu face à des formations très resserrées et très physiques, comment tu appréhende ce changement ?

A.O : Ben justement chaque match est vraiment différent en Afrique en fonction de chaque adversaire, y a une gestion différente à avoir, écouter les consignes du coach, il y a des matchs où on ne fera pas un beau jeu, mais il faudra savoir gagner, pour moi l’Afrique c’est des matchs à gagner, c’est pas forcément des rencontres ou on fera un beau jeu style tiki-taka, ce sont des matchs à gagner, éventuellement à domicile avec nos terrains et un climat qu’on connait bien, la éventuellement tu peut imposer ton jeu, mais à l’extérieur il faut avant tout gagner, dorénavant je vois les choses comme ça. La CAN il faut gagner les matchs, on est pas là pour montrer aux autres qu’on est le « Brésil de l’Afrique »… il faut jouer chaque match avec l’envie de les gagner avant tout.

LDA : Qu’est ce qui serait une CAN réussie en terme de résultats à ton avis ?

A.O : (il me coupe) Ramener la Coupe à la maison ! (Rires…)

LDA : L’objectif du groupe est donc de remporter la CAN ?

A.O : Je parle pour moi, mais l’objectif de chaque équipe est de ramener la CAN… après, moi je suis Marocain et j’ai suivi pas mal de CAN même si je suis encore jeune, et le Maroc quand il fait le beau jeu et qu’on fait un grand match mais qu’à la fin on perd, on n’insulte tous les joueurs… y a pas de « oui mais on a fait un beau jeu, le tiki-taka, etc… » Moi je pense, et c’est mon avis personnel, il faut aller à la CAN en jouant les matchs à 100% et gagner les matchs, après si tu mènes 2-0 ou 3-0 tu peux faire un jeu plus agréable, garder le ballon, faire le jeu que tu aimes et ce dont tu as envie et ce que tu sais faire ? mais la CAN c’est avant tout des matchs à gagner.

LDA : Par rapport à ton expérience de la dernière CAN justement où tu as pu affronter des équipes comme l’Egypte qui sont particulières à jouer, qu’est-ce que la CAN 2022 et la coupe du monde au Qatar peuvent t’apporter pour surmonter ce genre d’équipes ?

A.O : Personnellement la CAN avec Vahid m’a beaucoup aidé, je n’ai pas joué énormément, j’ai dû faire 3 ou 4 matchs, mais je suis quelqu’un qui observe beaucoup, et même si je suis sur le banc, dans 5 minutes je peux rentrer et apporter ce que j’ai pu observer. Aujourd’hui 2 ans plus tard je suis un joueur qu’on pourrais dire important en équipe nationale. Après, comme je vous ai dis tout à l’heure, la CAN c’est vraiment particulier, quand on voit l’Egypte par exemple, elle a déjà gagné 7 CAN et pourtant elle ne produit pas un jeu agréable à regarder, ce sont des joueurs qui entrent sur le terrain et qui gèrent le match, que ce soit les temps forts et les temps faibles, comme ce qu’ils ont fait face à nous, on avait la possession du ballon, on avait le sentiment d’être plus fort qu’eux et puis, coup du sort on se fait surprendre sur un coup de arrêté, et puis un joueur tombe à droite, une autre tombe à gauche, il faut savoir gagner quelle que soit la manière, et l’Egypte a compris çà, et c’est notamment grâce à ça qu’ils ont remporté beaucoup de Coupes d’Afrique ou alors aller au moins en finale ou en demi-finale. C’est ce à quoi j’ai été très attentif durant la dernière CAN. Pour cette CAN ça sera pareil, dans un pays où le climat sera comme au Cameroun, ca sera donc des matchs où il faudra entrer sur le terrain en étant concentré pour gagner.

LDA : Un petit mot sur le sélectionneur qui a été une vraie révélation de la dernière coupe du monde avec l’équipe national des Lions de l’Atlas, qu’est-ce qu’il vous apporte concrétement?

A.O : C’est quelqu’un qui nous apporte énormément en équipe nationale, c’est un très grand coach, c’est un coach qui gère chaque joueur différemment, il gère chacun en fonction de sa personnalité, il ne gère pas Harit comme il gère Hakimi par exemple, et ce qui m’a plu aussi c’est qu’à son arrivée, il s’est basé sur un groupe sans regarder les individualités, il a la notion de groupe et c’est ce qui a fait notre force durant la coupe du monde. Le groupe était soudé et dans ce genre de compétition il faut un groupe soudé qui s’entend bien et que chacun aide son coéquipier que le joueur joue 5 ou 10 minutes ou qu’il ne joue même pas d’ailleurs, mais qu’il soit présent et qu’il apporte sa bonne humeur et mette une bonne ambiance et qu’il soit positif dans le groupe, je pense qu’on peut faire de belle chose avec ce coach.

LDA : Dans la poule vous allez jouer face à la RDC de votre coéquipier Chancel Mbemba, est-ce-que vous vous taquinez un peu ou vous vous chambrez avant le début de la CAN ?

A.O : On ne parle pas vraiment de la CAN avec Chancel, dès que tu parles avec lui de son pays il s’agace rapidement (rire…) surtout que le dernier match qui nous a opposés j’ai marqué 2 buts donc on se doute bien qu’il n’a pas trop envie de parler de ça ! sinon pour en revenir à Chancel, c’est très bon joueur et un leader, pour avoir joué contre lui à Casa je sais que c’est quelqu’un qui donne tout pout son pays, comme il donne tout pour l’OM également, c’est ce genre de joueur que j’aime parce que c’est le type de joueur qui rend fière leur club et leur sélection, d’ailleurs Amine et moi savons que l’OM représente beaucoup en Afrique, même moi depuis tout petit au quartier à Casa si tu demandais un club qu’on connais en France on nommais tout de suite l’OM, depuis toujours c’est comme ça, mon père ou mon grand-père vous diraient la même choses, on vois que les supporters Africains sont attachés à ce club et on est fière de le représenter de la bonne manière et j’espère que ca sera un Marseillais qui remportera la CAN, comme ça on fêtera ca ensemble dans le vestiaire, et bien sûr j’espère que ça soit nous

LDA : Il y a un point positif avant le début de cette CAN, par rapport à la coupe du monde où il y avait pas mal de blessés et de joueurs qui ne jouaient pas beaucoup, et là vous revenez tous en forme au bon moment que ce soit toi qui rejoues régulièrement, ou bien Amine qui arrive en forme au bon moment ou encore Hakim Ziyech qui rejoue aussi pas mal en Turquie, vous êtes plutôt pas mal avant le début de la compétition ?

A.O : Après il faut regarder les situations personnelles de chaque joueur. Hakim (Ziyech) était en difficulté avec son club de Chelsea qui ne le faisait pas jouer, mais c’est vrai que certains joueurs n’étaient pas bien à cause de l’enchainement ou autre chose. Si je parle de moi c’est plus d’ordre personnel que concernant le football, après c’est vrai que ça tombe bien et c’est tan mieux pour nous que la plupart d’entre nous arrivons en forme juste avant la CAN j’en suis très content et je suis content de retrouver l’ensemble des coéquipiers et on pourra bien se préparer pour être tous à 100% pour le début de cette compétition.